A Isep Alumni, depuis quelques mois, nous avons réorganisé nos activités autour de 5 axes : « Au services des Alumni », « En coopération avec l’Isep », « Ingénieur et entreprise », « Isep et emploi », et « Ingénierie et recherche ». Et c’est à ce titre que nous avons souhaité mettre en avant la recherche à l’Isep, par la voix de son Directeur de la Recherche, Lionel Trojman, PhD - HDR, car cette recherche est transverse aux cinq axes.
La Recherche à l’Isep, une nécessité.
La Commission des Titres d’Ingénieur – la CTI -, qui est notamment en charge d’évaluer toutes les écoles d’ingénieurs françaises en vue de leurs accréditations, exige que les élèves acquièrent des compétences scientifiques pendant leur cursus. En effet, dans les éléments essentiels d’une formation d’ingénieur tels que définis par la CTI, l’acquisition des connaissances scientifiques et techniques et la maîtrise de leur mise en œuvre comprennent :
La capacité à effectuer des activités de recherche, fondamentale ou appliquée, à mettre en place des dispositifs expérimentaux ; la capacité à maîtriser les ordres de grandeur en s'appuyant sur des données étayées, notamment scientifiquement. (1)
Mais, au-delà de cette obligation, pour une école d’ingénieur, avoir une activité de recherche assure d’identifier les besoins présents et futurs, scientifiques et technologiques, pour la formation des ingénieurs, en établissant des liens forts à la fois avec le monde académique et industriel.
Le LISITE, le laboratoire de recherche de l’Isep
L’Isep est membre de l’EDITE de Paris : École Doctorale Informatique, Télécommunications et Électronique portée par la Sorbonne Université et encadre à ce titre de nombreux programmes doctoraux.
Le LISITE (prononcé « lissite »), c’est-à-dire le Laboratoire d’Informatique, Signal, Image, Télécommunications et Electronique, structure cette recherche à l’Isep. (2)
Composé de 23 enseignants-chercheurs, et d’une trentaine de doctorants et post-doctorants, il est constitué du groupe DaSSIP (qui rassemble les compétences en traitement d’image, signal, données et informatique) et du groupe ECoS (qui rassemble les compétences en électronique et en systèmes de communication, c’est-à-dire avec une dimension plus « hardware »), offrant ainsi un certain nombre d’opportunités de recherche sur des domaines différents.
Ces deux groupes interagissent dans le cadre de projets multidisciplinaires et collaboratifs avec de nombreux partenaires industriels, publics (ex : hôpitaux), les sociétés civiles et les laboratoires de recherches plus académiques, au travers 4 axes de recherche : Numérique au service de la santé de l’environnement ; Traitement de données massives et hétérogènes dans les systèmes distribués ; Circuits intégrés, systèmes embarqués et objets connectés ; Cybersécurité et protection des données. Mais, au-delà de ce cadre scientifique et technologique, ces projets comprennent également des dimensions environnementales et sociétales, en conformité avec la devise de l’Isep : « le numérique au service de l’humain ».
Enfin, l’Isep étant un Etablissement d'Enseignement Supérieur Privé d'Intérêt Général (EESPIG), ces projets collaboratifs sont financés par l’Agence Nationale de Recherche Technique (ANRT), l’Agence Nationale de Recherche (ANR), des fonds de l’Union européenne, des fonds de Recherche Hospitalo-Universitaire (RHU) et Fonds Unique Interministériel (FUI).
Interactions, collaborations et valorisation
Des projets de recherche sur fonds type ANR ou européen demandent de monter des consortiums. Or, les chercheurs à l’Isep étant tous experts dans leurs domaines, cela légitime la participation de l’Isep à certains de ces consortiums, et favorise ainsi la collaboration de l’Isep avec des industriels et d’autres partenaires académiques.
Ainsi, au-delà des projets, cette visibilité et ce rayonnement de la recherche permettent alors de développer d’autres types de collaboration, telles que les chaires. Nous pouvons citer, pour exemple, la chaire « Détection des anomalies dans le cloud » avec 3DS OUTSCALE, la chaire « Numérique et Citoyenneté » et le « Consortium Numérique et Vulnérabilités » avec l’Institut Catholique de Paris, ou encore la chaire « IA et sécurité » avec la Gendarmerie Nationale.
Les industriels connaissent déjà les dispositions du gouvernement, tels que le Crédit Impôt Recherche (CIR), et dans certains cas l’utilisation du dispositif CIFRE – Conventions Industrielles de Formation par la Recherche (3). Il s’agit donc d’intéresser ces industriels à la recherche avec l’Isep pour répondre à leurs problématiques et enjeux, pour bénéficier de ces dispositions. Les thèses doctorales sont un bon exemple de collaboration sur 3 ans.
La direction de la recherche à l’Isep est donc très impliquée pour aller visiter et sensibiliser les partenaires industriels potentiels.
Enfin, il s’agit également de développer des sujets de recherche participative avec le monde socio-économique, pour adresser des besoins de la société (la santé, l’humain, etc.). Le Consortium Numérique et Vulnérabilité est un bel exemple de recherche sur le numérique pour adresser les handicaps.
Convaincre les élèves ingénieurs
Le moteur de la recherche, au-delà du financement, ce sont les doctorants, et l’Isep souhaiterait qu’il y ait plus d’implication des élèves ingénieurs. En effet, le doctorat pâtit de plusieurs difficultés. D’une part, la recherche est globalement moins bien payée en France, les indemnités en stage académique étant bien en dessous de celles en stage en industrie, et le salaire pour un docteur étant souvent inférieur à celui d’un ingénieur. D’autre part, en faisant une thèse à l’issue d’un diplôme d’ingénieur, cela signifie entrer trois ans plus tard dans le monde du travail, avec un retard dans le salaire et une orientation de carrière très spécifique (le diplôme Isep permet une grande polyvalence).
Ainsi, pour Lionel Trojman, il s’agit de travailler pour changer l’image de la recherche qui est propagée au niveau national. Cette action est menée avec d’autres écoles d’ingénieur, y compris auprès du Ministère de l’Education Supérieure, de la Recherche et de l’Innovation.
Au niveau des élèves, sachant que très peu d’entre eux choisiront de faire une thèse par la suite (tout le monde n’a pas les dispositions nécessaires pour), ce sont des cours d’initiation à la recherche qui sont dispensés dans le programme ingénieur, avec des présentations et échanges avec les chercheurs et enseignants-chercheurs, pour respecter les exigences de la CTI. Comme les jeunes se posent des questions et sont souvent assez critiques (voire cyniques), il faut donc leur donner l’envie de développer la technologie et de la maîtriser, plutôt que de la consommer aveuglément. En d’autres termes, il est question de les responsabiliser et de leur permettre de développer leur esprit critique. Or, pour un ingénieur, de façon simpliste, à toute problématique correspond une réponse technologique. Il s’agit donc d’arriver à dépasser cette perspective techno-solutionniste, et de leur permettre d’introduire de l’intelligence dans la technologie, avec des réflexions éthiques et philosophiques, pour en faire des ingénieurs plus responsables (note : la recherche, à ce titre, donne au doctorant un temps de réflexion supplémentaire, pour voir les technologies importantes et les enjeux qui les entourent).
Les objectifs de la direction de la recherche à l’Isep
En ce qui concerne les doctorants, le gouvernement souhaiterait que 20% des ingénieurs poursuivent avec une thèse. Dans ces conditions, cela signifierait pour l’Isep d’employer plus de 60 nouveaux doctorants tous les ans, soit plus de 180 doctorants simultanément. Cela est tout simplement impossible, car il faut la structure doctorale adéquate pour qu’autant de doctorants puissent le faire dans les meilleures conditions.
Il faut également développer des relations avec les industriels pour qu’ils acceptent de participer à des projets collaboratifs, notamment impliquant des doctorants. Et d’ailleurs, si les grands groupes sont assez sensibilisés et impliqués, ce sont probablement les ETI, voire les PME, qui pourraient constituer ce relai de croissance.
Si vous êtes élève ingénieur ou jeune diplômé, et que la perspective d’un doctorat vous intéresserait, ou si vous travaillez dans une entreprise (ex : PME, ETI) et que vous souhaiteriez en savoir plus sur les possibilités de partenariat avec le LISITE (projet, chaire, thèse CIFRE,…), n’hésitez pas à contacter Lionel Trojman à l’Isep.
Références
(2) https://www.isep.fr/la-recherche/
(3) https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/fr/les-cifre-46510